L’écologie industrielle et territoriale au sein de l’économie circulaire

L’écologie industrielle et territoriale (EIT) cherche à réduire l’impact environnemental des entreprises tout en leur permettant des gains sociaux et économiques importants. Elle a pour objectif de créer une symbiose organisationnelle entre les différents acteurs d’un territoire selon plusieurs échelles données, de la zone industrielle au département en passant par l’agglomération par exemple.
En outre, difficile de parler d’écologie industrielle sans commencer par une présentation de ce qu’est l’économie circulaire. En effet l’écologie industrielle n’est qu’un pan de tout l’écosystème de cette économie durable.

puce De l’économie linéaire à l’économie circulaire

 L’économie linéaire

L’économie linéaire est en fait ce qu’on appelle communément l’économie classique.  Il s’agit d’un modèle économique où l’on extrait ou récolte les matières premières, à partir desquelles on produit les biens, qui sont ensuite achetés et utilisés par les consommateurs puis jetés en fin de vie pour être ensuite le plus souvent enfouis ou brûlés.

Schéma d’économie linéaire

Schéma d’économie linéaire (source : collectif55plus)

 L’économie circulaire

Le concept d’économie circulaire est assez large et comprend plusieurs aspects tels que la consommation responsable, la réutilisation et réemploi des biens, la réparation mais aussi le recyclage, la gestion des ressources en matières premières et énergies au niveau du territoire.

Les origines de ce concept date du club de Rome avec notamment la sortie du rapport sur les limites de la croissance  publié en 1972 qui s’intéresse d’abord aux objectifs de création d’emplois et de réduction des consommations d’énergie et de matières.

Le terme est utilisé pour la première fois en 1990 et le concept de berceau au berceau commence à être présenté par William McDonought et Michel Braunggart notamment qui ont pour objectif de passer d’une économie linéaire à une économie circulaire plus respectueuse de l’environnement. On peut se rendre compte que ce modèle est le seul modèle viable à l’avenir pour nous et les générations futures dans une planète où les ressources sont finies.

7 piliers majeurs composent ainsi l’économie circulaire :

L’approvisionnement durable : consiste en l’exploitation et l’extraction de matières et énergies renouvelables et non renouvelables avec une prise en compte importante de l’impact environnemental que cela peut générer. L’objectif est de limiter au maximum cette composante de l’économie circulaire.

 L’éco-conception : a pour objectif de prendre en compte l’ensemble du cycle de vie du produit en réduisant au maximum son empreinte écologique dès la conception du bien ou du service.

 L’écologie industrielle et territoriale : a pour but d’organiser une synergie entre les entreprises en mutualisant les services ou biens. Les « déchets » des uns deviennent des ressources pour d’autres et inversement. L’optimisation de l’utilisation de l’énergie est aussi une composante importante de cet axe.

 L’économie de la fonctionnalité : ici, il s’agit de privilégier une économie de fonctionnalité plutôt qu’une économie de possession. On vend des services d’utilisation du bien plutôt que le bien lui-même.

 La consommation responsable : doit inciter les acheteurs (entreprise, particulier, collectivité, état..) à réfléchir lors de son acte d’achat et prendre en compte tout le cycle de vie du produit ou service ainsi que son impact environnemental.

  L’allongement de la durée d’usage : doit permettre à l’utilisateur de réparer un bien, d’avoir recours à la vente d’occasion ou au don dans le but de pouvoir réemployer et réutiliser au maximum celui-ci.

 Enfin, le recyclage arrive en dernière étape quand le produit n’est plus utilisable. Celui-ci devient une ressource pour d’autres acteurs grâce aux matières premières qui le composent et non plus un simple déchet que l’on évacue.

Schéma des 3 domaines et 7 pilliers de l’économie circulaire selon l’Ademe

Schéma des 3 domaines et 7 pilliers de l’économie circulaire selon l’Ademe

puce L’écologie industrielle et Territoriale (EIT)

L’écologie industrielle s’inspire des écosystèmes naturels et vise à recréer une organisation qui permet d’optimiser l’utilisation et la gestion des ressources en mettant en avant un recyclage important des matières premières  et de l’énergie générée lors des activités industrielles. Ainsi chaque acteur peut tenter d’améliorer et valoriser les flux qu’il utilise et crée au quotidien.

Concrètement les entreprises vont ainsi collaborer ensemble pour faire en sorte que les déchets des uns deviennent des ressources pour d’autres jusqu’à créer une boucle vertueuse permettant des économies de matières premières, d’énergies d’infrastructures ou de personnes lors des activités de chacune.

C’est une vision intégrée de l’économie qui va permettre de travailler non plus en concurrence mais qui va générer des partenariats importants au niveau de l’entreprise en permettant des économies importantes sur les achats de matières premières et d’énergie. Cette structuration permet d’accroître sa résilience face aux différents aléas qu’une entreprise peut rencontrer avec sa chaîne d’approvisionnement et d’un point de vue global permet d’économiser des rejets de gaz à effet de serre, et donc permet une réduction des impacts environnementaux.

En travaillant en bonne intelligence, ces entreprises vont conjointement vers un but commun, à savoir améliorer le fonctionnement de leur propre structure ainsi que celle des autres.

Le développement local  et la mise en place d’une politique RSE solide a donc une importance capitale pour que ces nouveaux systèmes fonctionnent. Ainsi depuis quelques années se créent des zones industrielles innovantes qui vont inciter la mise en place de synergies entre ces entreprises et donc développer l’écologie industrielle qui permettra d’accroître la compétitivité des entreprises tout en devenant un pôle d’attractivité important pour les collectivités.

 Le projet collaboratif  Technowest

A Bordeaux, un bon exemple est le projet collaboratif Technowest qui a pour objectif de transformer l’Ecoparc de la commune de Blanquefort en une zone mutualisant certains flux entre les entreprises mais aussi de mieux gérer les déchets, les transports et les consommations d’énergie et d’eau. Ce projet permet également d’aider les entreprises  à collaborer entre elles avec la mise en place de contrats communs grâce au programme ZIRI (zone d’intégration des réseaux intelligents).

Présentation du programme ZIRI

 Le projet Eco-Tech-Ceram

Autre exemple de fonctionnement cette fois-ci purement industriel avec la technologie eco-stock de la société Eco-tech-ceram. Cette technologie permet de stocker de la chaleur perdue à haute température venant des industries.

Processus de stockage de la chaleur et création d’énergies avec une pile rechargeable (source : eco-ceram)

Processus de stockage de la chaleur et création d’énergies avec une pile rechargeable (source : Eco-Tech-Ceram)

Ces piles rechargeables contenues dans un conteneur classique en chaleur (jusqu’à 1000°c) permettent de capter et de garder la chaleur fatale des industries grâce à des matériaux en céramique éco-conçus.

Au sein d’un bassin industriel, ces piles une fois pleines peuvent être échangées entre différentes entreprises de la zone industrielle et alimenter les besoins en chaleur de chacune. Ainsi l’entreprise A qui génère beaucoup de chaleur perdue va pouvoir en bénéficier en revendant à une entreprise B cette chaleur par l’intermédiaire d’une pile. Cela est beaucoup moins coûteux que d’acheter de l’énergie brute tout en permettant des économies de C02  et de faire travailler plusieurs entreprises locales en symbiose.  Il est également possible que les déchets de l’entreprise B puissent permettre la création de nouvelles piles si cette entreprise produit des déchets minéraux.

Présentation de la solution

https://www.youtube.com/watch?time_continue=3&v=12e-lyUCH_M


 – Par Romain Cuvillier


Sitographie
Bibliographie
  • Bucklet, N., 2011, Écologie industrielle et territoriale: Stratégies locales pour un développement durable, 310 p.
  • Le Moigne, R., 2014, L’économie circulaire, 224 p.
  • Ambec, S., Lanoi, P., Performance environnementale et économique de l’entreprise, 192 p. (en ligne)

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