Du Développement Durable à la Responsabilité Sociétale des Entreprises : Une approche par la question centrale « Environnement »
Wilfried HOHENGARTEN
Sans avoir la prétention de retracer l’historique de la création du terme « Développement Durable », il faut savoir que, de la Charte des Nations Unis à celle de la Terre, en passant par le Sommet de Rio, les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et les Objectifs du Développement Durable (ODD), le nouveau cadre éthique universaliste international s’enrichit considérablement. Il conjugue maintenant les affirmations morales de l’époque moderne avec l’idée nouvelle de « soutenabilité », ainsi qu’avec celle de « responsabilité globale ». La nouvelle logique éthique universaliste reprend ainsi l’héritage humaniste des Droits de l’Homme, lui adjoint le constat d’une interdépendance et fragilité systémique de fait de notre résidence terrestre, pour conclure à la responsabilité globale de l’humanité, donc à la nécessité de gérer la société cosmopolitique de façon soutenable, par le moyen d’une gouvernance démocratique et multilatérale. Nous sommes donc actuellement dans une nouvelle éthique planétaire commune basée sur un triptyque « soutenabilité, gouvernance, responsabilité planétaire ».
Le terme de développement durable est reconnu sur la scène internationale pour être un terme générique, englobant et large dans son sens et les valeurs qu’il promulgue. Dans un monde où la diversité est une composante essentielle, il a fallu développer des idées, en accord avec les préceptes du développement durable, mais spécifique à certaines situations. C’est ainsi qu’est développé ce que j’ai l’habitude de présenter simplement comme étant l’application des principes du développement durable au monde de l’entreprise, la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE)
Ci-dessous, une petite vidéo pour mieux comprendre le principe même de la RSE :
Il faut donc comprendre que la RSE s’inscrit dans le contexte du développement durable, mais que ce sont deux notions différentes. Le développement durable est une idéologie macro-économique et macro-sociale à l’échelle planétaire qui ne s’applique pas tel quel à l’entreprise (échelle micro, possible rayonnement macro), bien que celui-ci la concerne dans ses finalités, en lui donnant un cadre de référence plus global. Cependant, un paradigme tel que la RSE, pour pouvoir se développer et être reconnu internationalement a eu besoin, un moment donné, d’un cadre spécifique et de lignes directrices, destinés à propulser ce concept. C’est ainsi que l’ISO (Organisation Internationale de Normalisation) accompagnée par l’AFNOR a développé en 2006 la norme ISO 26000, « Lignes directrices relatives à la responsabilité sociétale », qui deviendra rapidement le document international de référence en matière de responsabilité sociétale.
Pour simplifier ce document, qui est la référence ultime en matière de développement d’une démarche de RSE par une entreprise et cela peu importe son secteur d’activité, il faut savoir que cette norme comprend 7 questions centrales (thèmes) et 36 domaines d’action (sous-thèmes). A titre indicatif, voici une schématisation systémique produite par Loren DELAVAULT, de la promotion 2015 du master GTDD qui a effectué son stage de fin d’étude à l’AFNOR. Ce schéma m’a d’ailleurs beaucoup inspiré dans la rédaction de mon mémoire de première année, pour produire un système RSE adapté au cadre spécifique de mon stage.
Cette schématisation nous permet alors de reconnaître les principes de la Responsabilité Sociétale qui s’appuient sur ceux du Développement Durable. Il est bien acquis à ce jour que le Développement Durable, et par extension la Responsabilité Sociétale intègre des critères et préoccupations économiques, sociales et environnementales. Au-delà de présenter ces termes (développement durable et RSE, qui tend d’ailleurs à devenir la Responsabilité Sociétale des Organisations – RSO –), cet article a pour visée d’approfondir l’un des aspects de cette notion, ici, l’Environnement.
« Environnement » est un thème bien large, qui peut contenir tout et n’importe quoi en son sein. Vis-à-vis de l’entreprise, l’environnement est immanquablement impacté par les décisions et les activités de ces organisations, quel que soit l’activité et le site d’implantation. Ces impacts peuvent être liés à l’utilisation de ressources par l’organisation, à l’emplacement des activités de l’organisation, à la production de pollution et de déchets et aux impacts de ses activités sur les habitats naturels. Pour réduire leurs impacts sur l’environnement, il convient que les organisations adoptent une approche intégrée qui prend en compte les implications directes et indirectes de leurs décisions et de leurs activités d’un point de vue économique, social, sanitaire et environnemental. La responsabilité environnementale est un préalable à la survie et à la prospérité des êtres humains. C’est donc un aspect important de la responsabilité sociétale. Les questions environnementales sont étroitement liées aux autres questions centrales et domaines d’action de la responsabilité sociétale. L’éducation en matière d’environnement et le renforcement des capacités sont fondamentaux pour promouvoir le développement de sociétés et de styles de vie durables.
C’est donc dans cette idée que la question centrale « environnement » de la RSE est composée de 4 domaines d’action, subdivisé en plusieurs sous-parties.
Nous reconnaissons alors dans le thème « Environnement » toutes les problématiques de sa préservation que le développement durable nous laisse entendre. Ainsi, une entreprise, dans sa voie de responsabilité va devoir se questionner et agir par la suite afin de limiter son impact négatif sur l’environnement. Elle devra donc passer par une série d’étapes définies par des lignes directrices afin d’atteindre cet objectif (identification des enjeux pour l’entreprise, des parties prenantes internes et externes…). Cependant, il ne faut pas oublier que la RSE fonctionne comme un système. Certains éléments peuvent fonctionner indépendamment, mais toutes les questions centrales et domaines d’actions devront être interrogé afin d’assurer la pérennité du système. En clair, l’environnement c’est important, mais le bien-être des employés par exemple l’est tout autant.
Dans cet article, il était donc question de présenter la notion de RSE, de comprendre comment elle est apparue et a évoluée et enfin de traiter d’un de ces aspects vis-à-vis de son document international de référence. Cependant, pour conclure cet article et cette rapide introduction à la RSE/RSO, il faut savoir qu’elle met en évidence trois éléments fondamentaux de la RSE :
- Elle vise à intégrer les préoccupations sociales et environnementales dans les stratégies de gouvernance et opérations économiques de l’entreprise,
- Ce sont des initiatives volontaires,
- Cela nécessite des interactions avec les parties prenantes internes et externes.
Le développement durable, est un concept quelque peu vieillissant, qui a besoin de nouveaux supports pour s’affirmer. La Responsabilité Sociétale des Entreprises semble alors être un de ses récents moyens pour permettre un développement de nos activités plus soutenable.
Si cet article vous a plu, vous pouvez toujours cliquer sur ce lien qui vous mènera à l’article de Kévin LAMARQUE qui traite lui aussi du sujet de la RSE selon son expérience.
Bibliographie :
- AFNOR. Lignes directrices relatives à la responsabilité sociétale. Norme française NF ISO 26000, Novembre 2010 : indice de classement X 30-026. 147p.
- HOHENGARTEN, W., 2017, La Responsabilité Sociétale des Entreprises au service des filières : Remanier la norme ISO 26000 pour de nouveaux objectifs industriels, Application à la filière des corps gras issus de graines oléagineuses en France, Mémoire de Master 1 Innovation Territoriale et Expérimentation – Gestion Territoriale du Développement Durable, Pessac, Université Bordeaux Montaigne
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