L’écologie marine en action

Débarrasser l’océan de ses déchets plastiques, c’est le pari osé de The Ocean Cleanup !

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Depuis de nombreuses années déjà, scientifiques, professionnels et citoyens se mobilisent pour mettre au cœur des préoccupations environnementales la gestion des déchets plastiques et la lutte contre la pollution qu’ils génèrent. En 2018, la Commission Européenne proposait d’interdire une dizaine de catégories de produits en plastique à usage unique, comme les pailles, les cotons-tiges, les sacs

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Cette pollution plastique est visible en un endroit bien particulier nommé le « 7ème continent », un continent de déchets situé dans l’océan Pacifique, entre Hawaï et la Californie. Ce phénomène s’explique par de grands tourbillons d’eau, appelés gyres océaniques, qui se forment avec les courants marins et qui piègent le plastique. La surface de cette île d’ordure représente plus de trois fois celle de la France et est constituée de 79 000 tonnes de déchets plastiques qui se composent de gros déchets flottants mais aussi, en majorité, de microparticules provenant de l’émiettement des déchets immergés. Ces dernières sont les plus polluantes car elles sont très difficiles à extraire et parce qu’elles empoisonnent et tuent les oiseaux et animaux marins qui les confondent avec de la nourriture. 

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 « The Ocean Cleanup » est une organisation à but non lucrative créée par le néerlandais Boyan Slat. Il a construit son projet Ocean Cleanup, médiatisé en 2012 alors qu’il n’avait que 17 ans, avec l’objectif ambitieux de nettoyer les océans et de les débarrasser des déchets plastiques qui mettent en danger leurs écosystèmes. Ainsi, il souhaite réduire de moitié le volume des déchets présents dans l’océan Pacifiqueau cours des cinq prochaines années. Sept ans plus tard, en septembre 2018 dernier, The Ocean Cleanup a entamé son labeur. 

“ Big problems require big solutions “, The Ocean Cleanup, 14 décembre 2017.

Un projet ambitieux qui révolutionne la lutte contre la pollution marine 

L’inventeur de The Ocean Cleanup est le plus jeune lauréat du prix « Champion de la terre » qui lui a été décerné en 2014 par l’ONU dans la catégorie « Inspiration et action ». Ce projet a été en phase d’étude et de pré-réalisation pendant cinq ans, entre 2012 et 2017, avec un budget de près de 20 millions de dollars provenant de donations. Ces dernières ont été indispensables à la recherche et au développement du projet, réalisé par une équipe composée de soixante-dix scientifiques et ingénieurs ; et ont permis de financer des modélisations et des expéditions en mer puis de développer des prototypes. Des centaines de ces derniers ont été testés et une première phase d’expérimentation s’est déroulée en Mer du Nord pour vérifier la résistance du dispositif aux intempéries.  

Le 8 septembre 2018, le System 001, un flotteur en forme de U (pour retenir les déchets) de près de 600 mètres de long avec un filet sous-marin de trois mètres de profondeur, a été déployé au large de San Francisco, à 450 kilomètres de la côte. Après deux semaines de test au large des côtes de la Californie, il a rejoint le vortex de déchets du Pacifique-Nord, «  Great Pacific Garbage Patch  » (GPGP), où les déchets s’accumulent à presque 2 000 kilomètre de là. Ce premier système à grande échelle est capable de récolter 50 tonnes de plastique par an pour les acheminer par bateau vers des centres de recyclage afin qu’elles soient traitées. Le System 001 est le premier des soixante qui doivent être construits car l’objectif est de déployer plusieurs bateaux dotés de ce système d’extraction du plastique afin d’encercler et de détruire peu à peu le 7ème continent de plastique.  

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« Six années d’essais et de développement ont permis d’aboutir à cela. Durant ce temps, l’Ocean Cleanup est passé d’une esquisse sur une serviette en papier par un jeune de 16 ans à une organisation qui a réuni des millions d’euros et compte plus de 80 employés. C’est un moment unique de l’histoire et nous commençons enfin ce projet ambitieux. » a déclaré le porte-parole de l’organisation, lors du lancement du projet samedi 8 septembre 2018. 

Le mécanisme expliqué en quelques lignes 

La barrière flottante inventée par The Ocean Cleanup est équipée d’éclairage, de caméras, de capteurs et d’antennes satellites, et fonctionne à l’énergie solaire. Elle a été conçue pour « agir comme l’océan » et se déplacer comme celui-ci afin de capturer au mieux les déchets plastiques stagnants. Poussé par la force naturelle du vent et des courants, le système doit se déplacer plus vite que ces déchets. Grâce à sa forme circulaire, il doit capter en son centre les morceaux de plastique qui sont ensuite prélevés par des bateaux équipés de grues.  

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Pour mieux comprendre comment fonctionne le dispositif, vous pouvez regarder cette vidéo réalisée par l’ONG :

Une expérimentation mitigée, le dispositif peine à porter ses fruits 

L’organisation semble rencontrer des problèmes d’efficacité avec la barrière flottante. Dès le mois de novembre, deux mois après son lancement, le dispositif était en difficulté et ne parvenait pas à retenir les déchets qu’il collectait en raison d’une vitesse trop lente, comme les prototypes réduits pouvaient le faire lors des essais. Le 29 décembre dernier, l’équipe qui inspectait le système a constaté une fracture à l’extrémité du flotteur. Boyan Slat évoque une version bêta du système (SciencePost, Yohan Demeure, décembre 2018) qui justifierait les problèmes rencontrés lors de son premier déploiement d’envergure. Le problème réside donc dans la lenteur du dispositif et The Ocean Cleanup compte réaliser de nouvelles études afin que le système devienne pleinement opérationnel. En effet, l’équipe a rapatrié le dispositif pour le réparer et réaliser les ajustements nécessaires. Le jeune inventeur explique : « une équipe d’ingénieurs travaillera au cours des prochaines semaines pour élargir la barrière flottante de manière à capter plus de vent, de vagues et l’aider à aller plus vite ».Depuis le lancement de l’essai, le système aurait toutefois pu ramasser près de 2 000 kilogrammes de plastique

Des membres d’organisations spécialisées dans la protection des océans, le commandant de Sea Sheperd et d’autres experts du milieu marin se montrent sceptiques depuis le lancement du projet et expliquent que celui-ci néglige la vraie solution : stopper les déchets à la source et les empêcher de finir dans l’océan. Certains avaient également remis en question la capacité de la barrière à résister à l’environnement océanique, aux courants, aux vents et aux tempêtes. De son côté, Boyan Slat reste optimiste et affirme : « Si nous aurions aimé finir l’année sur une note plus positive, nous pensons que ces problèmes de rodage peuvent être résolus et que le nettoyage du Great Pacific Garbage Patch sera opérationnel en 2019 » (Geo.fr, Emeline Férard, janvier 2019). 

Quels impacts du dispositif
sur l’écosystème marin ? 

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Ce système pourrait éliminer la grande majorité des déchets plastiques de l’océan. Toutefois, des scientifiques affirment qu’il pourrait constituer une menace pour la vie et l’écosystème marins. Le comportement de la faune marine est effectivement une source d’inquiétude pour le projet Ocean Cleanup. Son équipe compte utiliser des procédés lumineux et sonores pour faire fuir les animaux marins avant les récoltes de plastique mais il est possible que la concentration de déchets attire les animaux et augmente le risque d’étranglement. 

George Leonard, un scientifique d’Ocean Conservancy, a encore soulevé l’argument que « la vraie solution est d’empêcher le plastique d’atteindre l’océan, et d’éduquer les populations à réduire la consommation des contenants et des bouteilles en plastique ». Il reste tout de même nécessaire de débarrasser nos océans des milliers de tonnes de plastiques qui polluent nos océans ! Alors, restons informés sur les actualités du projet Ocean Cleanup qui représente une solution nouvelle, si ce n’est révolutionnaire, pour lutter contre la pollution marine existante et donne un regain d’espoir pour notre planète bleue. 

Bibliographie