La gestion des déchets biomédicaux solides dans les formations sanitaires de Niamey (Niger)

10 janvier 2022 Non Par promos-gtdd

HASSANE YACOUBA Oudou

Situation géographique de Niamey

La région de Niamey est située dans la partie Sud-Ouest du Niger entre les latitudes 13°35′ et 13°24′ Sud et les longitudes 2°15’Est. Elle est subdivisée en 5 arrondissements communaux (Commune I, II, III, IV et V). Selon une étude en 2020, sa population est estimé à 1.292.000 habitants. Cette région est situé à Est par la commune de Liboré, au Sud-Ouest par la commune de Bitinkodji et celle de Youri et au Nord par la commune de Hamdallaye et Karma. 

Carte de localisation des formations sanitaires

Résumé

Niamey est la capitale du Niger, où une analyse a été mené sur la gestion des déchets biomédicaux solides dans sept (7) formations sanitaires et a permis de comprendre que la gestion est caractérisée par un manque ou une insuffisance d’organisation, de ressources matérielles, de ressources financières et de ressources humaines. Ce qui entraînent une mauvaise gestion des déchets.

Introduction 

Les structures de santé sont des lieux de production des déchets biomédicaux. En effet, ces déchets contiennent des micro-organismes et sont responsable de la pollution environnementale et atmosphérique. La gestion des déchets biomédicaux solides constitue une préoccupation de plus en plus pressante dans les formations sanitaires. C’est pourquoi, il est nécessaire alors d’étudier les facteurs limitants la gestion des déchets biomédicaux solides des formations sanitaires de Niamey et les impacts sur les personnels de santé, la population et l’environnement. Ceci permettra de proposer des stratégies susceptibles de réduire considérablement les risques en milieu de soins et d’améliorer la qualité des soins. 

I. Le contexte et justification

Les déchets biomédicaux produits nécessitent une attention particulière du fait des pathologies qui peuvent s’y développer. Dans plusieurs pays en particulier le Niger, cette problématique se pose tout naturellement avec plus d’acuité parce que les municipalités ont toujours préféré investir dans des opérations tampons qui consistent à organiser des séances publiques de salubrité ou d’évacuation de déchets urbains. Or, faut-il remarquer, les opérations tampons ne pourront demeurer que des solutions ponctuelles tant qu’elles ne seront pas accompagnées par l’application des mesures réglementaires déjà existantes (par exemple : le code d’hygiène publique et la loi-cadre relative à la gestion de l’environnement) et des actions complémentaires de suivi qui malheureusement font défaut. C’est pourquoi, un Plan de Gestion des Déchets Issus des Soins de Santé (GDISS) du Niger a été élaboré (2011-2015). Suite à cette évaluation, 85,25% des Etablissements de Soins de Santé (ESS) avancent que les ressources financières allouées à la gestion sont généralement quasi inexistantes, 61% des zones de stockage ne sont pas protégés, 79% des ESS n’ont pas vaccinés leur personnel contre l’hépatite B et le tétanos et la collaboration est très faible entre les acteurs, etc. Ces résultats ont montré que la gestion souffre dans son ensemble d’un certain nombre de contraintes notamment : humaines, matérielles, financières et organisationnelles et ont servi de base pour élaborer un deuxième Plan de Gestion des Déchets Issus des Soins de Santé (2016-2020) dont la mise en œuvre devrait permettre d’éviter les risques liés à l’augmentation des DISS. L’objectif de ce plan au Niger est la promotion d’un changement de comportement, la gestion écologiquement durable des DISS, la protection des acteurs sur les risques d’infection ainsi que le renforcement des capacités institutionnelles des structures concernées. Malheureusement, le cas de Niamey la capitale du Niger reste à revoir et me tient beaucoup au cœur, parce que les déchets biomédicaux solides des établissements de soins de santé sont mal gérés et cela est dû au manque de volonté. A Niamey, il est fréquent de voir des déchets solides déversés de manière insouciante dans les caniveaux pourtant faits pour évacuer les eaux. Cela n’est pas sans conséquence sur les personnels de santé, la population et l’environnement.

II. Les étapes de la gestion 

Les déchets de soins médicaux produits dans les établissements sanitaires doivent toujours suivre un itinéraire approprié et bien identifié, de leurs points de production à leur élimination finale. Cet itinéraire est composé de plusieurs étapes qui comprennent : la production, le tri, la collecte séparée et le transport sur site, le stockage sur site, le transport hors-site (optionnel), le traitement et l’élimination. La production des déchets se passe dans les unités médicales. Elle constitue une des étapes les plus importantes pour réduire les risques et la quantité de déchets dangereux. La quantité de déchets générés devrait toujours être minimisée et des précautions prises pendant leur manipulation. Le tri est l’étape la plus importante pour une gestion réussie des déchets de soins médicaux. La séparation des déchets dangereux des déchets non dangereux réduit également, de manière considérable, le risque d’infection des travailleurs qui manipulent les déchets de soins médicaux. Le tri consiste à la séparation sur la base de leurs propriétés dangereuses des différents types de déchets, les types de traitement et d’élimination qui leur sont appliqués. Une manière recommandée d’identifier les catégories de déchets de soins médicaux est de les disposer selon des codes couleur et dans des sacs ou conteneurs clairement étiquetés. La collecte doit suivre un itinéraire spécifique à l’intérieur de l’établissement sanitaire pour réduire le passage de chariots chargés à travers les salles et autres parties non souillées. De grandes précautions doivent être prise durant la manipulation de déchets de soins médicaux. Les risques les plus élevés sont liés aux blessures que peuvent occasionner les tranchants et piquants. le personnel sanitaire et de nettoyage doit toujours porter une tenue de protection comprenant, au minimum, des blouses ou tabliers industriels, des bottes et des gants de travail épais. Le stockage : Les déchets de soins médicaux non dangereux doivent toujours être stockés sur des sites séparés de ceux où les déchets infectieux / dangereux sont déposés pour éviter la contamination. Selon la Convention de Bâle, le temps de stockage maximal ne doit pas excéder 24 heures. Le transport hors-site est requis lorsque les déchets de soins médicaux doivent être traités hors de l’établissement sanitaire. Le traitement et l’élimination : Les déchets de soins médicaux dangereux/infectieux peuvent être traités sur site (c’est à dire à l’intérieur même de l’établissement sanitaire) ou hors-site (c’est à dire dans un autre établissement sanitaire ou une unité industrielle spécialisée). Chaque classe de déchets nécessite un traitement spécifique. Ils peuvent aussi être directement éliminés par incinération ou enfouis dans des sites réservés. 

III. La mauvaise gestion des déchets biomédicaux solides et ces conséquences

Selon (OMS, 2018), 85% des déchets liés aux soins de santé sont comparables aux ordures ménagères et ne sont pas dangereux. Les 15% restants sont considérés comme dangereux et peuvent être infectieux, toxiques ou radioactifs. L’aspect dangereux des déchets biomédicaux solides peut être imputé à l’une ou plusieurs des caractéristiques. Les déchets biomédicaux solides peuvent se révéler très dangereux pour tous les écosystèmes. S’ils sont manipulés, traités ou éliminés de manière incorrecte. Ces effets peuvent être classés selon les impacts sur l’air, l’eau, le sol, ou directement sur la faune et la flore. L’air est en effet le vecteur prédominant pour les rejets dus à l’incinération et au brûlage des déchets biomédicaux solides. Le deuxième risque pour l’air vient des sites d’enfouissement. La qualité de l’air aux alentours de ces sites est en général détériorée. Cela est dû aux importantes fermentations créant de grandes quantités de biogaz. Les rejets directs des déchets biomédicaux solides dans l’eau constituent un risque potentiel pour la santé. Le sol est affecté de plusieurs manières par la gestion des déchets biomédicaux solides. En somme, La contamination touche principalement les sols et les végétaux plutôt que l’air.

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Commentaires : Sur la photo une (1), on remarque un incinérateur non fonctionnel, utilisé pour stocker les boites à aiguilles à l’Hôpital Gawèye. Cela explique le manque manque de moyen pour organiser la gestion. La photo deux (2), on voit une fosse pour brûler les déchets à l’Hôpital Régional. Cette manière d’éliminer les déchets ne reste pas sans conséquence sur la santé et sur l’environnement. Quant à la troisième (3) photo, les poubelles de stockage des déchets au CSI Karadjé. Les deux récipients sont pratiquement vieux et ne devront pas servir comme poubelles de stockage. La première est pleine sans être évacuée. En plus, sur la photo cinq (5), on remarque un incinérateur fonctionnel au CSI karadjé mais dans des conditions très archaïques. (Source : enquête terrain Octobre, Novembre et Décembre 2019). En fin la photo quatre (4) , le tricycle de la Maternité Issaka Gazoby sur le dépotoir sauvage de Tondi Gaméy (Source : enquête terrain du 20 Mai 2021).

Conclusion

Dans les sept (7) formations sanitaires de la ville Niamey concernées par l’étude, on remarque une insuffisance des ressources humaines, matérielles et financières, et sont à l’origine de la mauvaise gestion des déchets biomédicaux solides. Cette mauvaise gestion (mauvaise qualité de l’hygiène hospitalière, la mauvaise manipulation et élimination des déchets biomédicaux) a des conséquences néfastes sur la santé et l’environnement. En plus, il peut aussi participer à la contamination des travailleurs du secteur, des professionnels, des récupérateurs de déchets et à la propagation des maladies.

Bibliographie

OMS. (2005). Gestion des déchets d’activités de soins solides dans les centres de soins de santé primaires. Guide d’aide à la décision. Genève 2005, 62p.

CICR. (2011). Manuel de gestion des déchets Médicaux. Genève, Suisse, 164p.

OMS. (2017). La gestion sécurisée des déchets médicaux : Déchets d’activités de soins. 32p.

Secrétariat de la Convention de Bâle Organisation Mondiale de la Santé, Manuel d’Aide à la Décision, Plans Nationaux de Gestion des Déchets de soins médicaux en Afrique Subsaharienne, 81P.

République du Niger, Ministère de la Sante, Direction de l’hygiène Publique et de l’Education pour la Sante. (Juillet, 2014). Guide national de procédures de gestion des déchets issus des soins de santé, 82p.

République du Niger, Ministère de la Sante, Direction de l’Hygiène Publique et de l’Education pour la Sante-msp, Niamey, Niger. (Janvier, 2015). Plan de gestion des déchets issus des soins de santé du Niger (PGDISS 2016-2020), 127p.

République du Niger, Ministère de la Sante Publique, Direction Des Statistiques. (Mars, 2015). Annuaire des statistiques sanitaires du Niger, 341p.

République du Niger, Ministère du Développement Agricole. (Août 2006). Stratégie nationale et plan d’actions en matière de gestion des polluants organiques persistants, 132p.

République du Niger, Ministère du Plan, Institut National de la Statistique, Direction Régionale de Niamey. (2018). Annuaire statistique régional de Niamey 2012 – 2016, 94p.

https://populationstat.com/niger/niamey