Par Marine Bastiat et Laurène Paucsik, publié le 10/12/2020
Cet article présente le rôle de la culture du risque dans la gestion et la prévention du risque inondation ainsi que les outils potentiellement mobilisables afin de sensibiliser et d’impliquer les habitants dans cette démarche. Afin de mener cette réflexion, l’article regroupe deux exemples. La première porte sur le risque d’inondation fluviale dans le bassin de l’Adour situé dans les Landes en Nouvelle-Aquitaine (visite du site internet Institution Adour ). La seconde quant à elle, porte sur le risque inondation littorale et le phénomène d’érosion littorale de la Commune de Gruissan située dans l’Aude, en Occitanie (pour une étude plus détaillée de cette étude de cas : visitez le site Gruissan, les chalets).
Introduction : Comprendre le risque inondation et le rôle de la culture du risque
Informer et sensibiliser les habitants du territoire face au risque inondation est la première étape afin de leurs faire prendre conscience de la multitude des enjeux. Cependant, si l’on veut ancrer ce risque dans les mentalités comme dans les pratiques afin qu’il devienne un élément à part entière sur le territoire, il est nécessaire de développer une culture du risque.
Qu’est-ce qu’une inondation ?
L’inondation est un aléa naturel défini comme « une submersion, rapide ou lente, d’une zone habituellement hors de l’eau. Elle peut être liée à un phénomène de débordement de cours d’eau, de ruissellement, de remontées de nappes d’eau souterraines ou de submersion marine » (Géorisques, 2020).
Qu’est-ce que le risque inondation ?
Un risque climatique est la combinaison d’un aléa naturel potentiellement destructeur (le vent, la grêle, le brouillard, les inondations, les séismes, les volcans…) et d’enjeux. Ces enjeux peuvent-être multiples : enjeux humains, économiques, patrimoniaux, sociétaux et environnementaux.
De cette manière, le risque inondation signifie que sur un territoire est associé, à la fois la possibilité qu’une submersion aie lieu ainsi qu’à la présence d’enjeux, qui souvent sont multiples, conjoints.
Pour comprendre le phénomène des inondations avec C’est pas sorcier, c’est par ici !
Pourquoi développer la culture du risque ?
Informer et sensibiliser les habitants du territoire face au risque inondation est la première étape afin de leurs faire prendre conscience de la multitude des enjeux. Cependant, si l’on veut ancrer ce risque dans les mentalités comme dans les pratiques afin qu’il devienne un élément à part entière dans le quotidien des habitants, il est nécessaire de développer une culture du risque.
Qu’est-ce que la culture du risque ?
Selon Géorisque, portail national proposé par le Ministère de la Transition écologique, la culture du risque se définit comme « la connaissance par tous les acteurs (élus, techniciens, citoyens, etc.) des phénomènes naturels et l’appréhension de la vulnérabilité. L’information des populations, et ceci dès le plus jeune âge, est le moteur essentiel pour faire progresser la culture du risque. Celle-ci doit permettre d’acquérir des règles de conduite et des réflexes, mais aussi de débattre collectivement des pratiques, des positionnements, des enjeux, etc. Développer la culture du risque, c’est améliorer l’efficacité de la prévention et de la protection » (Cerema, 2020).
La culture du risque ne doit pas être interprétée « comme un capital plus ou moins distribué mais plutôt comme une relation pragmatique au danger qui se construit et se reconstruit perpétuellement, tantôt individuellement, tantôt collectivement » .
Le cadre législatif
En ce qui concerne le côté législatif concernant les inondations, depuis 2007 une directive européenne relative à l’évaluation et à la gestion des risques d’inondations établit un cadre pour tous les types d’inondations. Elle englobe l’évaluation et la gestion des risques d’inondations dans le but de réduire les dommages sur la santé humaine, l’environnement, le patrimoine et l’activité économique.
Celle-ci s’est traduite dans le droit français par la Stratégie Nationale de Gestion des Risques d’Inondation (SNGRI).
Ensuite un Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) est construit à l’échelle d’un bassin (Région administrative de la France, créée en application de la loi du 16 décembre 1964, relative au régime et à la répartition des eaux et à la lutte contre la pollution).
Enfin à l’échelle locale un Schéma d’Aménagement et des Gestion des Eaux est instauré.
Le risque inondation fluvial : le cas du bassin de l’Adour (Landes)
L’adour est un fleuve du bassin aquitain qui prend sa source dans les Pyrénées et se jette dans l’Océan Atlantique. Il traverse de nombreux territoires dont l’agglomération de Dax dans les Landes. Celle- ci est dite « territoire à risque important d’inondation » (TRI).
Lors de fortes précipitations on peut constater des crues provoquant des inondations de champs, de routes et d’habitations.
Ainsi, les inondations confrontent le territoire à des problématiques humaines, économiques et d’aménagement.
Afin de développer une culture du risque celle-ci a établit plusieurs actions à réaliser :
- Mutualiser et valoriser les données sur l’inondation du territoire en créant une plateforme mettant à disposition les éléments de connaissance des inondations du territoire
- Matérialiser le risque sur l’ensemble du territoire pour entretenir la mémoire des événements historiques
- Informer au mieux la population (grand publics, scolaire,acteurs socio-économique) sur le risque inondation par le biais de différents outils comme de l’infographie, des expositions d’art …
Inondation et érosion littorale : le cas de Gruissan
La commune de Gruissan est située sur le pourtour méditeranéen, dans l’Aude en Occitanie.
Le risque inondation à Gruissan
La commune de Gruissan est une commune soumise à un « territoire à risque important d’inondation » (TRI).
La carte montre les zones concernées par ce risque, qui sont déterminées en fonction de calculs mais également en fonction de l’historique des inondations passées.
Le risque est caractérisé selon la possibilité qu’ait lieu une inondation dans le temps et selon sa force. De cette manière on retrouve les événements fréquents (forte probabilité), moyens (moyenne probabilité) et extrême (faible probabilité). (Géorisques, 2020)
On voit alors que le risque de submersion sur la commune est important.
- D’une part, il est caractérisé par le risque de submersion marine sur la zone littorale. Le risque est d’autant plus important que de nombreux logements et commerces sont construits à proximité. Il est notamment le cas de la plage des chalets qui comptabilise 1300 chalets.
- D’autre part, il est caractérisé par le risque de crue par débordements de cours d’eau (l’Aude, la Cesse, l’Orbieu, les Étangs Narbonnais et la Berre) (SMMAR, 2014).
Une commune également affecté par le phénomène d’érosion littorale
L’érosion côtière, marine ou littorale est un phénomène global qui entraîne un recul du trait de côte par diminution des bandes sableuses ou par l’effondrement des falaises. Ce phénomène est d’origine naturelle mais accentué par l’action anthropique.
La spécificité du littoral audois est qu’il est majoritairement constitué de plaines à très faible altimétrie et/ou d’étangs, situés à l’arrière de cordons dunaires souvent fragilisés. Cet environnement particulier et fragile, comme c’est le cas sur la commune de Gruissan, est affecté par le vent et la houle qui érode progressivement les cordons dunaires. Lorsque ces événements météorologiques sont importants (vent marin et forte houle), il existe un risque de franchissement des eaux à travers le cordon dunaire qui vont se déverser dans les étangs de la commune, que l’on appelle submersion marine. Ces phénomènes peuvent engendrer l’apparition de brèches dans ces cordons dunaires, entraînant une plus grande exposition face à ces inondations temporaires pour les terrains situés en arrière. Le territoire est, de cette manière, impacté par l’érosion littorale.
De plus, la forte attractivité et le développement économique local de Gruissan font de la commune, un espace soumis à de très fortes pressions de fréquentation et d’urbanisation et augmentent de cette manière, la vulnérabilité du territoire (SMMAR, 2014).
La commune de Gruissan n’a pas établi une stratégie de prévention et de gestion des risques qui prend en compte la culture du risque malgré les multiples risques présents. Cet exemple montre le potentiel d’action à mettre en place pour diminuer la vulnérabilité de sa population, de son économie et de son patrimoine. C’est dans cette optique que le site énoncé plus haut (Gruissan, les chalets) a été créé afin de convaincre les institutions concernées et sensibiliser les habitants afin de leur donner envie de s’impliquer dans cette démarche.
Développer la culture du risque : les outils pour faire participer les citoyens
La politique de prévention des risques en France s’appuie sur 7 piliers fondamentaux. Parmi eux figure « l’éducation et l’information préventive des citoyens » qui l’importance de guider les citoyens à prendre conscience de ces risques afin « d’apprendre à vivre avec » et de les intégrer dans le quotidien.
Le CEREMA a identifié 8 leviers afin d’amorcer la culture du risque :
Pour amorcer la culture du risque, une multitude d’actions innovantes ont déjà été mise en place dans les territoires. Ces actions et démarches entreprises, montrent la diversité des formats utilisés et peuvent donner des idées pour que chaque territoire adapte sa stratégie de gestion et de prévention des risques.
Cliquez ici pour consulter le Recueil et analyse d’actions innovantes en France réalisé par le CEREMA.
Bibliographie :
Géorisques, 2020. « Les risques près de chez moi », Gruissan, Inondations. Consulté le 9 décembre 2020. https://www.georisques.gouv.fr/mes-risques/connaitre-les-risques-pres-de-chez-moi/rapport?form-commune=true&codeInsee=11170&ign=false&CGU-commune=on&commune=11430+Gruissan#details_cat_nat.
Cerema, 2020. « Une étude des actions innovantes pour développer une culture du risque en Nouvelle-Aquitaine ». Publié le 22 février 2020. Consulté le 8 décembre 2020. http://www.cerema.fr/fr/actualites/etude-actions-innovantes-developper-culture-du-risque-0.
CERPI, 2013. « Les guides du CERPI : Sensibiliser les populations exposées au risque d’inondation Comprendre les mécanismes du changement de la perception et du comportement Les collectivités en Europe pour la prévention du risque d’inondation ». Centre Européen de Prévention du Risque d’inondation. Consulté le 9 décembre 2020.
Actu, 2020. Inondations. Les Landes toujours en vigilance jaune pour les crues, 43 routes sont fermées. Actu.fr Nouvelle Aquitaine. Publié le 9 décembre 2020. Consulté le 9 décembre 2020. https://actu.fr/meteo/inondations-les-landes-toujours-en-vigilance-jaune-pour-les-crues-43-routes-sont-fermees_37995292.html
SMMAR, 2014. « Programme d’Actions de Prévention des Inondations », PAPI sur le bassin versant de l’Aude et de la Berre : 2015 – 2020, Syndicat Mixte des Milieux Aquatiques et des Rivières. Publié en mars 2014. https://www.smmar.org/uploads/mediatheque/contenu/competences_et_missions/pi/fichiers/papi_2_01.PDF