Un article de Elsa BARILLON et Marie DUMOND.
Qu’est ce qu’un jardin collectif ?
Les jardins collectifs, plus communément appelés “jardins partagés”, sont des jardins de proximité créés à l’initiative d’habitants qui souhaitent se retrouver pour jardiner ensemble, partager des moments de convivialité et échanger des savoir-faire.
Ils sont promus comme des opérateurs de “vivre-ensemble”, vecteurs de changement et porteurs d’enjeux, de mobilisations et de pratiques multiples au cœur d’un habiter durable (Duchemin et al., 2010)
Les jardins collectifs sont tous différents dans leurs aménagements et leurs fonctionnements : ils sont construits collectivement, en fonction des potentialités, des opportunités et des attentes des habitants d’un lieu.
Ils peuvent être réalisés de manière temporaire sur des terrains en attente de leur destination finale, de manière pérenne, sur des espaces publics, dans des cœurs d’îlots, dans des quartiers plus ou moins populaires.
Ils participent à la création de liens sociaux entre les habitants, à l’animation des quartiers, à la biodiversité et à la trame verte de la ville ainsi qu’à son embellissement.
Plus de 100 ans de jardins collectifs à Bordeaux
La mise en place des jardins urbains que nous connaissons aujourd’hui est le fait d’un long processus historique. Inspirés des jardins ouvriers du dix-neuvième siècle, les jardins collectifs actuels se développent depuis les années 1970, et font l’objet d’une volonté politique de plus en plus forte depuis les années 2000.
La politique des jardins collectifs actuelle
“Oui, la guérilla verte (…) donne de la douceur à notre métropole, elle la rend plus belle mais également plus inclusive, plus participative, plus partageuse et plus généreuse”. Alain Juppé, Ancien Président de Bordeaux Métropole et ancien Maire de Bordeaux.
Bordeaux Métropole développe et soutient, depuis plusieurs années, les projets de jardins collectifs : jardins partagés, jardins familiaux, jardins pédagogiques, jardins d’insertion. Elle accompagne alors les associations ou des municipalités dans le développement de leur projet de jardins collectifs ou partagés. Si la création des jardins partagés prend un premier essor dans les 1970, avec un renouveau dans les années 1990, c’est notamment depuis les années 2010 que les villes s’impliquent, de plus en plus nombreuses, dans la création et la valorisation des jardins partagés, à l’image, par exemple de Villenave d’Ornon ou du Haillan.
Des projets d’intégration sociale au projet d’amélioration du cadre de vie, les jardins collectifs entrent dans le cadre les politiques d’aménagement des municipalités, qui soutiennent ou collaborent avec les nombreuses associations sociales ou de quartier dans leurs initiatives.
De Bordeaux Métropole à l’Europe : des actions sociales et projets citoyens
Ces initiatives ne se cantonnent pas à la région Bordelaise mais sont nombreuses en Europe. On peut citer par exemple, le Culpeper Community Garden d’Islington, initiative associative dans la banlieue londonienne où les habitants du quartier se portent volontaires pour s’occuper de ce jardin ouvert au public.
Les jardins collectifs ont souvent une visée sociale et intégrative comme le celui de “Jardiner Ensemble” initié par l’Association “Vivre Ensemble” de Dorfbach à Fribourg (Allemagne) qui s’inscrit dans une logique d’intégration interculturelle. Elles sont alors aussi largement soutenues par les institutions publiques comme à Vienne où la capitale subventionne et propose des services de conseils aux projets de jardins de voisinage ou de jardins collectifs. La métropole de Bordeaux s’inscrit donc dans ce mouvement international de développement du “Urban Gardening”.
Carte des jardins bordelais
Réparties dans toute la métropole, les initiatives sont aujourd’hui présentes sur une grande partie du territoire:
Quelles sont les différentes formes de jardins collectifs? Quelles différences ?
On peut distinguer quatre grandes catégories de jardins collectifs :
Néanmoins, ces quatre principaux types de jardins collectifs tendent à s’hybrider : l’appellation “jardin partagé”, dominante sur le plan médiatique, englobe ce glissement des pratiques liée à la revendication montante des parcelles individuelles (ou de bacs).
Les jardins évoluent ainsi vers des aménagements à dimension familiale intégrant des espaces partagés dédiés aux enfants mais aussi aux personnes âgées et/ou aux personnes handicapées. Dans ce cas, on parle davantage de “jardins thérapeuthiques”.
Emergence de sociotypes
Le jardin partagé tel qu’on peut le rencontrer en zone urbaine, notamment sur les communes de Bordeaux Métropole, peut se présenter sous deux formes:
- Le petit jardin convivial de coin de rue, sur quelques mètres carrés en ville, animé par un groupe de voisins/amis qui partagent les mêmes valeurs. Ce sont des riverains généralement engagés sur le plan écologique, dont l’objectif n’est pas principalement de produire pour se nourrir mais d’embellir le quartier et pratiquer une activité saine.
- Le jardin vivrier, sur un terrain plus grand, répond quant à lui à des besoins alimentaires et à l’envie de rompre l’isolement pour des populations moins aisées. Le jardin est alors un refuge, un lieu d’apprentissage et de dialogue privilégié entre personnes partageant les mêmes problèmes mais pas forcément les mêmes valeurs.
Documents utiles
Sitographie
Site de Bordeaux Métropole https://www.bordeaux-metropole.fr/Vivre-habiter/Une-metropole-nature/Se-nourrir/Jardiner-collectif
Association “Vivre ensemble” zusammen leben e.V. | Home (zlev.de)
Association du Culpeper Community Garden Open again to the public 🙂 – Culpeper Community Garden
Site de la ville de Vienne et support pour les jardins partagés Nachbarschaftsgärten und Gemeinschaftsgärten (wien.gv.at)
Bibliographie
Nicolas D’ANDREA et Pascal TOZZI, « Jardins collectifs et écoquartiers bordelais : De l’espace cultivé à un habiter durable ? », Norois, 231. 2014. URL:http://journals.openedition.org/norois/5087
Véronique SAINT-GES, « Jardins familiaux, jardins partagés à Bordeaux entre alimentation et multifonctionnalités », In Situ, 37. 2018. URL: http://journals.openedition.org/insitu/18956
Chloé JARENO. “Jardin partagé et politique de la ville : aménagement ou dispositif social?.” Sustainable Urban Agricultures (UA) : Vector for Ecological Transition, Toulouse, 2017. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01760337
Cyrielle DEN HARTIGH, « Jardins collectifs urbains : leviers vers la transition ? », Mouvements, n° 75, 2013. p. 13-20. URL : https://www.cairn.info/revue-mouvements-2013-3-page-13.htm
Jeanne POURIAS, Anne-Cécile DANIEL et Christine AUBRY, « La fonction alimentaire des jardins associatifs urbains en question », Pour, n° 215-216, 2012. p. 333-347. URL : https://www.cairn.info/revue-pour-2012-3-page-333.htm
Perrine VANDENBROUCKE, Marine CANAVESE, Brice DACHEUX-AUZIERE, Marie GRENET, Laure MOUHOT, Nathalie BERTHIER, Gil MELIN, Cyril POUVESLE, Élisabeth REMY et Jean-Noël CONSALES, « Derrière l’utopie du jardin collectif, la complexité d’un projet social, technique et politique », Géographie et cultures, 103, 2017. http://journals.openedition.org/gc/5567