La transition écologique et sociale des individus et des institutions à l’échelle locale de Bordeaux Métropole

6 janvier 2020 Non Par promos-gtdd

Claudy COURRÈGELONGUE

Cet article présente une réflexion autour de la mobilisation des individus et des institutions territoriales par le biais d’un outil sous la forme de défi pour la transition écologique et sociale sur le territoire de Bordeaux Métropole. Elle est inspirée en partie du stage effectué à la Maison écocitoyenne de Bordeaux Métropole de 2019 ainsi que du rapport de l’ADEME sur « Changer les comportements » de 2016.

Cet article a pour but de montrer brièvement l’ensemble du mémoire de 1ère année de Master. Il a été écrit afin de répondre à une question en lien avec la transition écologique et sociale des individus et des institutions territoriales de Bordeaux Métropole, plus précisément avec le défi des « Familles à énergie positive ». Cette question était : En quoi un défi de transition écologique et sociale instauré par une institution territoriale a-t-il une influence sur les individus et l’institution elle-même ?  Pour amener à parler de cette problématique, j’ai tout d’abord mis en avant le défi ainsi que les missions qui m’ont été allouées. C’est suite à cette vue globale du stage, que j’ai pu mettre en exergue différents points permettant de comprendre les interrelations entre les acteurs du territoire et leur inter-influence. Des points tels que l’adaptabilité du défi au territoire, la transition des institutions territoriales et celle des individus, la structuration d’un projet d’envergure métropolitaine…etc.

Pour commencer, j’ai évoqué les résultats du défi organisé par la Maison écocitoyenne de Bordeaux Métropole. Mais qu’est-ce que le défi « Familles à énergie positive » (FAEP) ? Ce défi à ampleur métropolitaine organisé depuis 2012, a permis de mobiliser 1 000 foyers depuis. Les foyers participants ont fait jusqu’à 32% d’économie d’eau et d’énergie, et une réduction de leurs déchets de 15%. Afin de visualiser les performances des participants, nous avons fait un résumé des résultats en créant des équivalences sur la base de données des participants de 2019 :

J’ai aussi, pour rendre visible les participants de cette année, j’ai cartographié leur rapport à leur consommation d’énergie et d’eau :

Ces cartes montrent les effets d’une réduction de consommation et d’une prise de conscience de transformer son mode de vie au quotidien. Ce constat confirme la dynamique du « défi » que j’ai porté au cours du stage. En effet, le défi est au service de la transformation, il permettait aux individus d’entrer dans une transition écologique et solidaire de leur mode de vie, mais qu’il transformait tout autant, ou plus, la façon dont l’institution territoriale traduisait cette transition.

            Pour les individus, il est important de noter qu’il faut prendre en compte :

• La résistance au changement :  Changement du mode de vie d’un individu

Réalisé par : Courrègelongue C., 2019, Source : Modèle de Kurt Lewin, cité par Jaquemot P., 2017

• L’accompagnement  : Maela Paul en propose une définition « L’accompagnement constitue une posture spécifique au centre d’actions déterminées par des pratiques définies. Ainsi, la notion d’accompagnement fédère un ensemble de pratiques qui lui sont co-existantes : counselling, coaching, mentoring, tutorat, parrainage, compagnonnage ». (Paul M., 2004, citée par Mottaz AM., 2012, p. 42). Nous pouvons ajouter le fait que l’accompagnement apparaît et se développe dans un contexte de ruptures sociales et de transitions, en s’appuyant sur des valeurs plutôt humanistes. C’est pourquoi, les personnes travaillant dans l’accompagnement doivent donc nécessairement prendre en compte toutes les variables, afin de s’adapter aux situations nouvelles et évolutives de l’individu qu’il accompagne. Il est donc principalement présent dans le domaine de l’action sociale (informations, conseils, assistance, suivi…) consistant à guider, appuyer, soutenir ou encore aider.

 • Le suivi, par notamment des outils technologiques et de réseau, permet aux participants de visualiser leur évolution et leur progression de leur transition grâce au défi (voir le site du défi http://aquitaine.familles-a-energie-positive.fr/)

• Les facteurs d’influences qui les entourent :

Les facteurs d’influences du comportement à l’échelle individuelle, sociale et matérielle (outil ISM)

Réalisé par : Courrègelongue C., 2019 / Source : The Scottish Government, 2013

Un aspect sociologique et comportemental important se distingue, il détermine les actions et les outils à mettre en place auprès des individus dans le but de les aider dans leur transition. Des outils adaptés, tels que celui du défi qui propose un accompagnement, des ateliers de formation ou d’information, et une plateforme de saisie, leur permettant de se rendre compte de leur progression. Ceci étant, la technologie et les préoccupations autour de la transition actuelle du monde vers la sobriété et la réduction des émissions, changent vite et de manière conséquente. C’est pourquoi, les outils comme le défi doivent être mis à jour en permanence. Actuellement ce n’est pas le cas, mais le défi de la Maison Ecocitoyenne est en cours de reconstruction et d’enrichissement pour comprendre un maximum de thématiques et d’actions au service de l’individu, ainsi qu’un meilleur suivi. Il sera davantage adapté à la transition mondiale car il comportera la thématique de la réduction des énergies, de l’eau, des déchets, des trajets avec transports polluants ainsi qu’une meilleure approche à l’alimentation. Ce sont des sujets structurants le quotidien des individus et, en parallèle, l’économie du territoire. Le territoire est conçu pour répondre aux besoins liés à ces thématiques. Nous pouvons donc dire que le changement des individus avec leur besoins spécifiques influence directement le changement de la gestion du territoire. Une nouvelle façon de gouverner apparaît pour y répondre : « Ne pas s’attacher uniquement à la forme des institutions, mais penser également à leurs fonctions ; ne pas s’attacher uniquement au renforcement des capacités, mais penser également aux asymétries de pouvoir ; et ne pas s’attacher uniquement à l’État de droit, mais penser également au rôle de la loi. » (Banque Mondiale, 2017). Ce qui met l’accent sur l’horizontalité d’une gouvernance : l’assemblage entre les institutions et la pluralité des acteurs sur un territoire, et non plus l’accent sur la verticalité, égale à la descendance du pouvoir. Ce qui met en avant la coordination sociale qui œuvre pour la coordination de l’action publique, traduite par la transformation de la vision techniciste et instrumentale de la gouvernance et de la pluralité sociale par un mode d’action collectif, ayant pour but la participation effective des populations. Puisque comme le disait Jacquemot, l’enjeu est de « veiller à une cohérence politique entre entités hétérogènes liées par des enjeux mutuels » (Jacquemot P., 2017). La sémantique du terme gouvernance change et devient plus utopique mais envisageable à l’échelle locale particulièrement, car elle met en avant l’égalité, la concertation entre acteurs, le consensus pour les décisions de politiques publiques, de projets sociaux ou autres, et notamment sur l’innovation sociale et la prise en compte de chaque individualité. Ce schéma permet de résumer la transformation et donc l’adaptation de la gouvernance à la transition écologique et solidaire d’un territoire :

Réalisé par Courrègelongue C., 2019

Afin de synthétiser l’importance de cette transformation, nous savons qu’une action de long terme est complexe à décider. Toujours est-il, que si nous changeons réellement notre façon de faire, en changeant de gouvernance, nous pouvons mettre en place ce type d’actions grâce à la prise en compte totale des besoins et attentes de tous les acteurs du territoire, via une co-construction de l’action publique. Comme le disent Dujin et Maresca : “Le consommateur vertueux est aujourd’hui la boussole de l’action publique dans le champ du développement durable. Le fait d’adopter des comportements « écoresponsables », de chercher à limiter l’impact environnemental de ses pratiques quotidiennes constitue le nouveau civisme.” (Dujin A. et Maresca B., 2014, p. 41). Enfin, je peux dire que l’ensemble des acteurs se doivent d’agir, d’évoluer, de construire et de se transformer en même temps s’ils veulent une synergie positive de leurs actions et une symbiose de leurs évolutions distinctives. Un changement individuel influence un changement collectif et institutionnel, et inversement.

Pour conclure, la transition est un processus complexe qui met à l’épreuve tout type d’acteur. Après avoir analysé l’impact qu’elle peut avoir sur un territoire, puis sur une institution territoriale et enfin sur les individus, l’importance et la difficulté d’un changement est donc visible ; d’une transformation de ses habitudes (routines pour les individus et dépendance aux sentiers pour les institutions et leur gouvernance) ; et d’un apprentissage de leur nouvelle voie de transition vers une vision plus écologique et humaine de leur façon de vivre et de fonctionner. Ce mémoire, m’a permis de mettre des mots sur toutes ces réflexions « silencieuses » que j’ai pu faire au cours de mes expériences et en particulier ces dernières années, notamment avec mes études et les stages réalisés, mais aussi avec l’évolution en temps réel de notre planète. Aujourd’hui, je suis convaincue qu’il faut agir, convaincre et s’unir, la solidarité « n’a pas de prix », mais a des résultats significatifs. Concilier économie, société et environnement est l’enjeu actuel qui est ancré depuis de nombreuses années, mais nous l’oublions bien trop souvent.

BIBLIOGRAPHIE

•          ADEME, 2016, Changer les comportements, faire évoluer les pratiques sociales vers plus de durabilité, l’apport des sciences humaines et sociales pour comprendre et agir, ADEME Édition, 183 p

•          BANQUE MONDIALE, www.banquemondiale.org, http://www.banquemondiale.org/fr/topic/governance/overview, consulté le 05/2019

•          DUJIN A. et MARESCA B., 2014, Transition écologiques, consommation et modes de vie durables, Collection « Références » de la Direction de la recherche et de l’innovation (DRI) du Commissariat Général au Développement Durable (CGDD), 54 p

•          JAQUEMOT P., 2017, Le dictionnaire encyclopédique du développement durable, Sciences Humaines Éditions, 717 p

•          MOTTAZ AM., 2012, « Accompagnement », dans FORMARIER M. et al., Les concepts en sciences infirmières, Association de recherche en soins infirmiers « Hors collection », p 42 – 43

•          The Scottish Government, 2013, Influencing Behaviours. Moving Beyond the Individual, A User Guide to the ISM Tool